Restaurant "LE
MISTRAL" à Marseille
des petits moments de plaisir
...
Marseille, la lumière et la mer
Jean-Claude Izzo, in Méditerranées, anthologie
présentée par Michel Le Bris et Jean-Claude Izzo (Librio,
1998) - extrait
Marseille
s'offrait juillet en septembre. Le bel été durait.
Dans les rues, bruyantes, exubérantes comme toutes les villes
du Sud, on avait oublié les incendies, violents, du mois d'août
à Septème-les-Vallons, au Rove et à Allauch, et
la sourde peur de voir les feux embraser la ville.
L'Olympique de Marseille, ce soir-là, jouait contre Bordeaux.
A Bordeaux. Dès vingt heures, des bars de quartier allaient se
remplir de supporters. Ici, on aime bien suivre les matches dans un
bar. Une ou deux télés, selon les bars. Parfois même,
certains y viennent avec femme et enfants. Une part de pizza, une bière,
et quatre-vingt-dix minutes à espérer la victoire du club,
toujours. Chaque bar recrée un microcosme du stade et, exception
faite du Paris-Saint-Germain, on peut, si l'on est originaire d'ailleurs
ou simplement de passage dans la ville, manifester son soutien à
l'équipe adversaire. Avec quelques limites à ne pas franchir,
bien évidemment. On a son honneur, quand même!
Pour l'heure, sur le Vieux-Port, à la terrasse de la Samaritaine,
on boit jusqu'à la dernière minute, et avec insouciance
comme toujours, cette superbe lumière d'automne qui coule du
ciel dès cinq heures du soir.
On ne comprend rien à cette ville si l'on est indifférent
à sa lumière. Elle est palpable, même aux heures
les plus brûlantes. Quand elle oblige à baisser les yeux.
Marseille est ville de lumière. Et de vent. Ce fameux mistral
qui s'engouffre dans le haut de ses ruelles et balaie tout jusqu'à
la mer. Jusqu'au large de Pomègues et Ratonneau, les îles
du Frioul. Jusqu'après Plannier, le phare, aujourd'hui éteint,
reconverti en école de plongée, qui indiquait à
tous les marins du monde que Marseille était à portée
de main, et que ses femmes, putes ou pas, leur feraient oublier la passion
des mers et des îles lointaines.
Marseille, à dire vrai, on ne peut l'aimer qu'ainsi, en arrivant
par la mer. Au petit matin. A cette heure où le soleil, surgissant
derrière le massif de Marseilleveyre, embrase ses collines et
redonne du rose à ses vieilles pierres.
On voit alors Marseille comme Protis le Phocéen la découvrit
il y a deux mille six cents ans. Et qu'importe si c'est exagéré
de dire ça. Marseille exagère toujours. C'est son fond.
Et, dans le fond, rien n'a changé depuis ce jour-là. Il
suffit simplement d'arriver de Corse, en ferry, pour renouer avec cette
histoire. Ou, plus simplement encore, de revenir d'une nuit de pêche
au large de l'Estaque. Quand la rade vous ouvre ses bras, alors, alors
seulement, on découvre le sens, éternel, de cette ville.
L'accueil. Car Marseille est faite d'ailleurs, d'exils, et elle se donne
sans résistance à ceux qui savent la prendre, l'aimer.
Ici, on est chez soi. D'où que l'on vienne. Et personne, jamais,
ne vous demandera d'où vous arrivez, exception faite des flics,
la nuit, sur le cours Belsunce où l'on rénove à
tour de bras, dans les rues autour de la place de l'Opéra, et
sur le cours Julien où s'est déplacée la vie nocturne.
Marseille est un mythe. C'est ça seulement qu'il y a à
voir. A épouser. Le reste peut y être aussi futile, ou
vaniteux, qu'ailleurs. On pourrait même dire que la ville est
à l'image de ces fausses blondes que l'on croise dans ses rues.
Elles ne donnent à voir que ce qu'elles ne sont pas.
RESTAURANT LE MISTRAL 3 rue Fortia 13001 Marseille + 33 (0)4
91330973 - Contact -
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